Le livre de Robert Louis Stevenson, Le Cas Étrange du Dr. Jekyll et Mr. Hyde, est l'une des très fameuses histoires de double personnalité. Dans la Controverse du Troisième Secret, l'étrange double personnalité peut être identifiée au Cardinal Ottaviani. En réalité, longtemps avant que la controverse sur le Texte de la Vision ne débute, une controverse avait été tramée sur les propos inexplicables et actions de ce membre connu de la Curie.
Le Cardinal Alfredo Ottaviani, réfléchissant en plus comme un conservateur digne de confiance, avait déjà montré cet étrange dualisme pendant le Vatican II. Pendant qu'il s'oppose au passage à davantage de libéraux et de modernistes dans les décrets, il voudrait de temps à autre faire écho de l'étalage libéral de lui-même – par exemple, quand il applaudit la visite de Paul VI aux Nations Unies vers la fin du Concile. A propos du Troisième Secret de Fatima, nous avons déjà vu qu'il fut largement cru qu'il avait officieusement encouragé la publication et la distribution du texte de Neues Europa ; cependant, il apparut comme s'il l'avait dénoncé plus tard. Beaucoup de ces controverses apparurent sur le discours qu'il donna le 11 Février 1967. Il fut désigné pour parler lors d'une réunion tenue pour préparer le congrès Marial qui devait se tenir à Fatima quelques mois plus tard. Paul VI se servit de cette occasion pour faire connaitre son intension de continuer de garder le Troisième Secret, et le Cardinal Ottaviani fut choisi comme son porte-parole. Le discours du Cardinal fut une série d'erreurs et d'ambiguïtés, qui furent plus tard sainement critiquées par les experts de Fatima. Certains supposèrent que le Cardinal n'était pas réellement intéressé par Fatima, et simplement n'avait pas pris le temps de préparer son discours avec attention ; d'autres supposèrent qu'il avait intentionnellement essayé de tromper. Mais la vérité peut d'ailleurs mentir.
Le Cardinal Ottaviani n'obtint pas sa haute position, originellement donnée par le Pape Pie XII, pour avoir été inattentionné et négligent dans son travail. Mais ses actions et ses propos pendant et après Vatican II montrèrent que, dans aucune affaire donnée, il voulait toujours abandonner ses opinions personnelles, convictions et même principes, pour simplement faire ce qui était dit. La question est, lui avait-on dit de faire plusieurs erreurs factuelles dans son discours?
Une solution possible à ce faux mystère est une ressemblance entre sa position et celle de plusieurs prisonniers de guerre dans les années récentes. Souvent ceux-ci avaient été forcés de faire des "confessions" enregistrées de leurs "crimes de guerre" ; mais parfois ils pouvaient "envenimer le message" dans le but de faire comprendre qu'ils avaient été forcés de dire quelque chose contre leur volonté. Prononcer de travers certains mots, de pareils erreurs factuelles pourraient être introduites, souvent sans préavis de leurs ravisseurs, afin d'alerter tout auditeur que tout le message est un faux. Serait-ce possible que le Cardinal Ottaviani ait fait la même chose ? En réalité, les erreurs qu'il fit furent inexplicables. Dans les extraits qui suivent, nous voulons mettre en exergue, en italique, les erreurs, les contradictions et les ambiguïtés, plus ou moins évidentes. Cela semble être un schéma : chaque fois que le Cardinal dit quelque chose qui soit fausse, laquelle lui a-t-on probablement demandé de dire, il accompagne cela par plusieurs erreurs réelles évidentes ou de sottes ambiguïtés.
« Si c'est question d'un Secret, comment pourrais-je le révéler ? Dans n'importe quel évènement, je négocierai certaines questions concernant le 'Secret de Fatima'. »
Le Cardinal connaissait très bien que ce n'était pas parce que "c'est une question d'un secret" qu'il était incapable de le révéler. Il savait que ses auditeurs, et le monde entier, étaient conscients que le Troisième Secret était supposé avoir été révélé en 1960. Essayait-il d'être drôle ? Ou alors voulait-il que l'on sache que tout ce qu'il allait dire était faux ?
« La première fois que je suis allé à Fatima c'était en 1955. Comme je marchais au-dessus de la colline qui devait me mener à la Cova da Iria, je fus déjà édifié par la piété, par l'esprit de sacrifice et de prière démontré par tant de personne. Ils allaient au-dessus de cette colline, transportant leurs provisions et tout ce dont ils avaient besoin pour passer la nuit commémorant l'évènement du 13 Octobre 1917. »
La visite du Cardinal n'était pas le 13 Octobre, mais plutôt le 13 Mai.
« Cette vaste foule, qui était en prière, ne demanda pas à connaitre le mystérieux Secret de Fatima. Elle était déjà en possession du Secret le plus essentiel, celui gravé en relief sur les âmes de quiconque lit l'Evangile attentivement : Le secret de l'échelle qui mène au Ciel, dont les escabeaux sont appelés Prière et Pénitence. »
Naturellement la foule ne demanda pas à connaitre le Secret ; ils attendaient qu'il soit révélé en 1960. Certainement que la prière et la pénitence sont des bases du Message de Fatima, et c'est une vulgaire signification supplémentaire de dire que c'est là "le Secret le plus essentiel." Certes, ils ne sont pas un secret ! Clairement, ceci fait partie de la conduite officielle du Vatican pour donner une justification de l'envie de révéler le Troisième Secret.
« La Très Sainte Vierge, pendant qu'elle plaçait Ses pieds virginaux sur la terre de la Cova da Iria, laquelle Elle sanctifia ensuite, confia trois messages à la petite Lucia. L'un concernait les sentiments les plus intimes de Lucia concernant sa famille, la prédiction que son petit frère Francisco et sa petite sœur Jacinta devait bientôt prendre leur envol pour le Ciel... »
« Le monde a fait attention au message de Lucia. Dans ce message, il y avait une partie privée concernant son frère et sa sœur ; il y avait une partie concernant le monde entier (il invitait le monde entier à la prière et à la pénitence) ; et finalement il y avait une troisième partie des choses confiées par la Sainte Vierge. Et ces choses qu'Elle avait confié (à Lucia) non pas pour elle-même, non pas pour le monde – du moins pour ce moment là – mais pour le Vicaire du Christ. »
Ceux-là qui étaient familier aux apparitions de Fatima avaient à peine besoin de se rappeler que Francisco et Jacinta étaient des cousins de Lucia – pas son frère et sa sœur ! Le réarrangement des Trois Secrets est aussi purement imaginaire. L'annonce de la mort imminente de Francisco et Jacinta n'est pas une partie du Grand Secret dans sa totalité. Toutes ces trois parties concernent le monde entier – pas seulement une partie. Et le Troisième Secret ne fut jamais adressé exclusivement au Pape.
« Et Lucia avait gardé le Secret. Elle n'avait pas parlé, ce qui ne veut pas dire que certaines personnes n'aient pas essayé de la faire parler. Oui, il y'a des 'Secrets de Fatima' en circulation qui lui sont attribués. Ne croyez en aucun d'entre-eux ! Lucia avait gardé le Secret. »
« Et alors, que fit-elle afin d'obéir à la Très Sainte Vierge ? Elle écrivit sur une feuille de papier, en Portugais, ce que la Sainte Vierge lui demanda de dire au Saint Père. »
« Le Message ne devait pas être ouvert avant 1960. J'ai demandé à Lucia : 'Pourquoi cette date ?' Et elle me répondit : 'Parce qu'ainsi cela serait plus clair »
Notons que le Cardinal n'avait pas directement contredit le texte de Neues Europa, parce qu'il n'avait pas été attribué à Sœur Lucia. L'insistance que le Troisième Secret était seulement destiné au Pape semblait avoir été l'excuse donnée par le Vatican dans le but de le garder secret. Non plus, cependant, cette déclaration ne peut s'accorder avec le Texte de la Vision, celui pour lequel le Vatican insiste qu'il soit le seul qui contienne le Troisième Secret. La dernière déclaration du Cardinal Ottaviani – concernant la date de 1960 – pourrait apparaître être vraie.
« L'enveloppe contenant le 'Secret de Fatima' fut donnée scellée, à l'Evêque de Leiria... Il la donna au Nonce Apostolique... qui fidèlement la passa à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, comme la lettre l'avait demandé, afin de prévenir une délicate chose, qui n'était pas destinée à être donnée pour une consommation générale du public, de tomber entre des mains étrangères pour une quelconque raison, même par chance. »
« Ainsi le Secret arriva à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et – encore scellé – il fut remis à Jean XXIII… et, bien que le texte soit écrit en Portugais, il me dit plutard qu'il l'avait entièrement compris. »
« Ensuite il plaça lui-même le Secret dans une autre enveloppe, la scella et la plaça dans une de ces archives qui sont comme un puits profond, sombre, bien sombre, du fond duquel des chutes de papiers, et personne ne vit plus aucun d'eux. Ainsi, il est difficile de dire où se trouve le Secret de Fatima maintenant. »
Quand le Cardinal dit ces dernières paroles, il se pencha vers le sol comme s'il regardait dans un puits profond. Après avoir répété l'erreur évidente que le Troisième Secret ne fut pas destiné au public – contrairement aux faits connus – le Cardinal Ottaviani nous fit une grande faveur. Il donna une indication claire de l'existence d'un autre texte. Car Msgr. Capovilla l'a depuis éclairci que Jean XXIII a requis les services d'un traducteur pour le "mystérieux" texte qu'il plaça "dans une autre enveloppe" – et cette enveloppe n'a jamais été produite. Aussi, le responsable du Vatican prétendit, concernant le texte de la Vision, qu'il avait toujours été dans les archives du "Saint Bureau" – la "Congrégation pour la Doctrine de la Foi" – pour lequel le Cardinal Ottaviani était le préfet. Ainsi le Cardinal doit être entrain de parler du second texte quand il dit « il est difficile de dire où se trouve le Secret de Fatima maintenant. »
Avant de conclure, le Cardinal Ottaviani voulut répéter plusieurs fois le mensonge évident que le Troisième Secret fut seulement pour le Pape. Mais en le faisant, il fournit encore des preuves du second texte :
« La substance est Secrète pour le Saint Père, à qui elle fut adressée. Il fut le seul à qui le Secret était adressé. »
Aucune des enveloppes connues ou prétendues être reliées au Troisième Secret n'est adressée au Saint Père. Le Texte de la Vision est "adressé" à Dieu ! Ou encore, le Cardinal Ottaviani doit être entrain de parler d'un texte différent.
Dix ans après, la revue Madre di Dio posa au Cardinal les questions suivantes : "1. Y'a t-il une confirmation de tout ce que le Cardinal communiqua sur le Troisième Secret, dans le discours du 11 Février 1967 ? 2. Les suppositions ont-elles légitimé ceux qui disent que le Saint-Siège apporta une partie du 'troisième' Secret à la connaissance des grands pouvoirs – et qu'il est connu aujourd'hui grâce aux indiscrétions diplomatiques ? 3. Est-il possible que le Secret soit lié à la crise actuelle de l'Eglise, comme le disent certains ?"
Sans étonnement, le Cardinal esquiva volontairement la première et la troisième question. Il répondit seulement à la seconde question:
« Je dois vous dire que la plupart des textes publiés dans divers journaux sont tous le fruit des suppositions de ces personnes qui pensent qu'ils peuvent le déduire des éléments rassemblés dans différents livres ou publications. Le vrai texte du 'Secret', rédigé par la sœur Lucia et envoyé à Jean XXIII, est réellement demeuré un secret, parce que [il] lui-même n'a rien révélé de cette affaire. Nous ignorons complètement l'endroit où il plaça le texte qui lui fut envoyé. »
Sœur Lucia n'a jamais "envoyé" le texte à Jean XXIII. Mais qu'il entra en possession du texte à été confirmé par Capovilla. Il est évidemment impossible pour le Cardinal Ottaviani d'avoir été ignorant du lieu où se trouverait le Texte de la Vision. Il doit parler d'un autre texte.
Tristement, le jargon juridique, le double langage, l'ambiguïté et la marche en arrière sont devenus le tout trop flagrant poinçon du Vatican.