Sanctuaire de la Salette et lieu de l'Apparition.
Il y'a toujours eu controverse sur l'Apparition de la Vierge Marie à La Salette le 19 Septembre 1846, et en particulier sur les parties secrètes du message de Notre-Dame. Mais cette controverse a atteint son paroxysme en 1999, lorsque le Père Michel Corteville découvrit les lettres originales des deux visionnaires, adressées au pape Pie IX en 1851, qui avaient été enterrés dans les archives du Vatican depuis des décennies. Les critiques des différentes versions du Secret de La Salette, publiées par les voyantes Mélanie Calvat et Maximin Giraud les années suivantes, se sentaient justifiés quand ils apprirent que les versions originales étaient beaucoup plus courtes. Leur triomphe fut cependant de courte durée, car le Père Corteville publia aussitôt une étude approfondie et savante de l'Apparition et du message de La Salette, qui démontra que les visionnaires révélèrent intentionnellement leurs secrets en différentes étapes — les versions ultérieures ayant été logiquement plus amplifiées que les précédentes. Toute l'histoire de cette controverse, qui fut beaucoup plus éclipsée par la controverse sur le Troisième Secret de Fatima, est à la fois fascinante et complexe. Nous allons commencer par examiner le contenu de l'Apparition et la partie dite public du message, tel que rapporté par Mélanie:
Le 18 septembre, veille de la Sainte Apparition de la Sainte Vierge, j'étais seule, comme à mon ordinaire, à garder les vaches de mes Maîtres. Vers les onze heures du matin, je vis venir auprès de moi un petit garçon. À cette vue je m'effrayai, parce qu'il me semblait que tout le monde devait que je fuyais toutes sortes de compagnies. Cet enfant, s'approcha de moi et me dit : « Petite, je viens avec toi, je suis aussi de Corps. »
À ces paroles, mon mauvais naturel se fit bientôt voir, et, faisant quelques pas en arrière, je luis dis : « Je ne veux personne, je veux rester seule. »
Mais cet enfant me suivait en me disant : « Va, laisse-moi avec toi, mon Maître m'a dit de venir garder mes vaches avec les tiennes : je suis de Corps. »
Moi, je m'éloignai de lui, en lui faisant signe que je ne voulais personne, et, après m'être éloignée, je m'assis sur le gazon. Là, je faisais ma conversation avec les petites fleurs du bon Dieu. Un moment après, je regarde derrière moi, et je trouve Maximin assis tout près de moi. Il me dit aussitôt : « Garde-moi, je serai bien sage. »
Mais mon mauvais naturel n'entendit pas raison. Je me relève avec précipitation et je m'enfuis un peu plus loin sans rien lui dire, et je me remis à jouer avec les petites fleurs du bon Dieu. Un instant après, Maximin était encore là, à me dire qu'il serait bien sage, qu'il ne parlerait pas, qu'il s'ennuierait d'être tout seul, et que son Maître l'envoyait près de moi, etc.
Cette fois, j'en eus pitié, je lui fis signe de s'asseoir, et moi, je continuai avec les petites fleurs du bon Dieu. Maximin ne tarda pas à rompre le silence, il se mit à rire (je crois qu'il se moquait de moi), je le regarde et il me dit : « Amusons-nous, faisons un jeu. »
Je ne lui répondis rien, car j'étais si ignorante que je ne comprenais rien au jeu avec une autre personne, ayant toujours été seule. Je m'amusais avec les fleurs, toute seule, et Maximin, s'approchant tout à fait de moi ne faisait que rire en me disant que las fleurs n'avaient pas d'oreilles pour m'entendre et que nous devions jouer ensemble. Mais je n'avais aucune inclination pour le jeu qu'il me disait de faire. Cependant je me mis à lui parler, et il me dit que les dix jours qu'il devait passer avec son Maître allaient bientôt finir et qu'ensuite il s'en irait à Corps chez son père, etc. Tandis qu'il me parlait, la cloche de La Salette se fit entendre, c'était l'Angélus ; je fis signe à Maximin d'élever son âme à Dieu. Il se découvrit la tête et garda un moment le silence. Ensuite je lui dis : « Veux-tu dîner ? – Oui, me répondit-il. Allons. »
Nous nous assîmes, je sortis de mon sac les provisions que m'avaient données mes Maîtres et, selon mon habitude, avant d'entamer mon petit pain rond, avec la pointe de mon couteau je fis une croix sur mon pain, et, au milieu, un petit trou, en disant : « Si le diable y est qu'il en sorte, et si le bon Dieu y est qu'il y reste ! », et vite, vite, je recouvris le petit trou. Maximin partit d'un grand éclat de rire et donna un coup de pied à mon pain, qui s'échappa de mes mains, roula jusqu'au bas de la montagne et se perdit. J'avais un autre morceau de pain ; nous le mangeâmes ensemble ; ensuite nous fîmes un jeu ; puis, comprenant que Maximin devait avoir besoin de manger, je lui indiquai un endroit de la montagne couvert de petits fruits. Je l'engageai à aller en manger, ce qu'il fit aussitôt ; il en mangea et en rapporta plein son chapeau. Le soir nous descendîmes ensemble de la montagne et nous nous promîmes de revenir garder nos vaches ensemble.
Le lendemain, 19 septembre, je me retrouvai en chemin avec Maximin. Nous gravissions ensemble la montagne. Je trouvais que Maximin était très bon, très simple, et que volontiers il parlait de ce dont je voulais parler, il était aussi très souple, ne tenant pas à son sentiment ; il était seulement un peu curieux, car, quand je m'éloignais de lui, dès qu'il me voyait arrêtée, il accourait vite pour voir ce que je faisais et entendre ce que je disais avec les fleurs du bon Dieu ; et s'il n'arrivait pas à temps, il me demandait ce que j'avais dit. Maximin me dit de lui apprendre un jeu. La matinée était déjà avancée. Je lui dis de ramasser des fleurs pour faire le « Paradis ». Nous nous mîmes tous les deux à l'ouvrage ; nous eûmes bientôt une quantité de fleurs de diverses couleurs. L'Angélus du village se fit entendre, car le ciel était beau, il n'y avait pas de nuages. Après avoir dit au bon Dieu ce que nous savions, je dis à Maximin que nous devions conduire nos vaches sur un petit plateau près du ravin, où il y aurait des pierres pour bâtir le « Paradis ». Nous conduisîmes nos vaches au lieu désigné, et ensuite nous prîmes notre petit repas ; puis nous nous mîmes à porter des pierres et à construire notre petite maison, – qui consistait en un rez-de-chaussée qui, soi disant, était notre habitation, puis en étage au-dessus qui était selon nous le « Paradis ». Cet étage était tout garni de fleurs de différentes couleurs, avec des couronnes suspendues par des tiges de fleurs. Ce « Paradis » était couvert d'une seule et large pierre que nous avions recouverte de fleurs ; nous avions aussi regardions ; le sommeil nous vint, nous nous éloignâmes de là à environ deux pas, et nous nous endormîmes sur le gazon.
La belle Dame s'assied sur notre Paradis, sans le faire crouler.
M'étant réveillée et ne voyant pas nos vaches, j'appelai Maximin et je gravis le petit monticule. De là, ayant vu que nos vaches étaient couchées tranquillement, je redescendais, et Maximin montait, quand tout à coup je vis une belle lumière plus brillante que le soleil et à peine ai-je pu dire ces paroles : « Maximin vois-tu là-bas ? Ah ! mon Dieu ! » en même temps je laissais tomber le bâton que j'avais en main. Je ne sais ce qui se passait en moi de délicieux dans ce moment, mais je me sentais attirée, je me sentais un grand respect plein d'amour, et mon cœur aurait voulu courir plus vite que moi.
Je regardais bien fortement cette lumière qui était immobile, et comme si elle se fut ouverte, j'aperçus une autre lumière bien plus brillante et qui était en mouvement, et, dans cette lumière une très belle dame assise sur notre Paradis, ayant la tête dans ses mains.
Cette belle Dame s'est levée, elle a croisé médiocrement ses bras en nous regardant et nous a dit : « Avancez, mes enfants, n'ayez pas peur, je suis ici pour vous annoncer une grand nouvelle. »
Ces douces et suaves paroles me firent voler jusqu'à elle, et mon cœur aurait voulu se coller à elle pour toujours.
Arrivée bien près de la belle Dame, devant elle à sa droite, elle commence le discours, et des larmes commencent aussi à couler de ses beaux yeux : « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller la main de mon Fils. Elle est si lourde et pesante que je ne puis plus la retenir.
« Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse. Et, pour vous autres, vous n'en faites pas cas. Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j'ai prise pour vous autres. Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l'accorder. C'est ce qui appesantit tant le bras de mon Fils.
« Ceux qui conduisent les charrettes ne savent pas parler sans y mettre le nom de mon Fils au milieu.
« Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon Fils. Si la récolte se gâte, ce n'est qu'à cause de vous autres. Je vous l'ai fait voir l'année passée par les pommes de terre, vous n'en avez pas fait cas ; c'est au contraire quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez, et mettiez le nom de mon Fils. Elles vont continuer à se gâter, à la Noël il n'y en aura plus. »
Ici je cherchais à interpréter la parole : pommes de terre ; je croyais comprendre que cela signifiait : pommes. La belle Dame, devinant ma pensée reprit ainsi : « Vous ne comprenez pas, mes enfants, je vais vous le dire autrement. »
La traduction (du discours de la Vierge en patois, tel que reproduit dans le récit de Maximin) en français est celle-ci :
« Si la récolte se gâte, ce n'est rien que pour vous autres ; je vous l'ai fait voir l'année passée par les pommes de terres, et vous n'en avez pas fait cas ; c'était, au contraire, quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez et vous mettiez le nom de mon Fils. Elles vont continuer à se gâter et, à la Noël, il n'y en aura plus.
« Si vous avez de blé, il ne faut pas le semer. Tout ce que vous sèmerez les bêtes le mangeront et ce qui viendra tombera tout en poussière quand vous le battrez. Il viendra une grande famine. Avant que la famine vienne, les petits enfants au-dessous de sept ans prendront un tremblement et mourront entre les mains des personnes qui les tiendront ; les autres feront pénitence par la faim. Les noix deviendront mauvaises ; es raisins pourriront. »
Ici, la belle Dame, qui me ravissait, resta un moment sans se faire entendre ; je voyais cependant qu'elle continuait, comme si elle parlait, de remuer gracieusement ses aimables lèvres. Maximin recevait alors son secret. Puis, s'adressant à moi, la Très Sainte Vierge me parla et me donna un secret en français...
Ensuite, la Sainte Vierge me donna, aussi en français, la règle d'un nouvel ordre religieux. Après m'avoir donné de ce nouvel ordre religieux, la Sainte Vierge reprit ainsi la suite du discours : « S'ils se convertissent, les pierres et les rochers se changeront en blé et les pommes de terre se trouveront ensemencées dans les terres. Faites-vous bien votre prière, mes enfants ? »
Nous répondîmes tous les deux : « Oh ! non, Madame, pas beaucoup. »
« Ah ! mes enfants, il faut bien la faire, soir et matin. Quand vous ne pourrez pas mieux faire, dites un Pater et un Ave Maria ; et quand vous aurez le temps et que vous pourrez mieux faire, vous en direz davantage.
« Il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe ; les autres travaillent tout l'été le dimanche ; et l'hiver, quand els ne savent que faire, ils ne vont à la messe que pur se moquer de la religion. Le carême, ils vont à la boucherie comme des chiens.
« N'avez-vous pas vu de blé gâté, mes enfants ? »
Tous deux, nous avons répondu : « Oh ! non Madame. »
La Sainte Vierge, s'adressant à Maximin : « Mais toi, mon enfant, tu dois bien en avoir vu une fois vers le Coin, avec ton père. L'homme de la pièce dit à ton père : "Venez voir comme mon blé se gâte." Vous y allâtes. Ton père prit deux ou trois épis dans sa main, il les frotta, et ils tombèrent en poussière. Puis, en vous en retournant, quand vous n'étiez plus qu'à une demi-heure de Corps, ton père te donna un morceau de pain en te disant : "Tiens, mon enfant, mange cette année, car je ne sais pas qui mangera l'année prochaine si le blé se gâte comme cela." »
Maximin répondit : « C'est bien vrai, Madame, je ne me le rappelais pas. »
La Très Sainte Vierge a terminé son discours en français : « Eh bien ! mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple. »
La très belle Dame traversa le ruisseau, et, à deux pas du ruisseau, sans se retourner ver nous qui la suivions (parce qu'elle attirait à elle par son éclat et plus encoure par sa bonté qui m'enivrait, qui semblait me faire fondre le cœur), elle nous a dit encore : « Eh bien ! mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple. »
Puis elle a continué à marcher jusqu'à l'endroit où j'étais montée pour regarder où étaient nos vaches. Ses pieds ne touchaient que le bout de l'herbe sans la faire plier. Arrivée sur la petite hauteur, la belle Dame s'arrêta, et vite je me plaçai devant elle pour bien, bien la regarder, et tâcher de savoir quel chemin elle inclinait le plus à prendre ; car c'était fait de moi, j'avais oublié et mes vaches et les maîtres chez lesquels j'étais en service je m'étais attachée pour toujours et sans conditions à ma Dame oui, je voulais ne plus jamais, jamais la quitter ; je la suivais sans arrière-pensée, et dans la disposition de la servir tant que je vivrai. Avec ma Dame, je croyais avoir oublié le paradis ; je n'avais plus que la pensée de la servir en tout ; et je croyais que j'aurais pu faire tout ce qu'elle m'aurait dit de faire, car il me semblait qu'elle avait beaucoup de pouvoir. Elle me regardait avec une tendre bonté qui m'attirait à elle ; j'aurais voulu, avec les yeux fermés, m'élancer dans ses bras. Elle ne m'a pas donné le temps de le faire. Elle s'est élevée insensiblement de terre à une hauteur d'environ un mètre et plus ; et, restant ainsi suspendue en l'air un tout petit instant, ma belle Dame regarda le ciel, puis la terre à sa droite et sa gauche, puis elle me regarda avec des yeux si doux, si aimables et si bons que je croyais qu'elle m'attirait dans son intérieur, et il me semblait que mon cœur s'ouvrait au sien. Et tandis que mon cœur se fondait en une douce dilatation, la belle figure de ma bonne Dame disparaissait peu à peu ; il me semblait que la lumière en mouvement se multipliait ou bien se condensait autour de la Très Sainte Vierge, pour m'empêcher de la voir plus longtemps. Ainsi la lumière prenait la place des parties du corps qui disparaissaient à mes yeux ; ou bien il me semblait que le corps de ma Dame se changeait en lumière en se fondant. Ainsi la lumière en forme de globe s'élevait doucement en direction droite.
Je ne puis pas dire si le volume de lumière diminuait à mesure qu'elle s'élevait, ou bien si c'était l'éloignement qui faisait que je voyais diminuer la lumière à mesure qu'elle s'élevait ; ce que je sais, c'est que je suis restée longtemps la tête levée et les yeux fixés sur la lumière, même après que cette lumière, qui allait toujours s'éloignant et diminuant de volume, eût fini par disparaître. Mes yeux se détachent du firmament, je regarde autour de moi, je vois Maximin qui me regardait, je lui dis : « Mémin, cela doit être le bon Dieu de mon père, ou la Sainte Vierge, ou quelque grande sainte. »
Et Maximin, lançant la main en l'air, il dit : « Ah ! si je l'avais su. »
Le soir du 19 septembre, nous nous retirâmes un peu plus tôt qu'à l'ordinaire. Arrivée chez mes maîtres, je m'occupais à attacher mes vaches et à mettre tout en ordre dans l'écurie. Je n'avais pas terminé que ma maîtresse vint à moi en pleurant et me dit : « Pourquoi, mon enfant, ne venez-vous pas me dire ce qui vous est arrivé sur la montagne ? »
Maximin, n'ayant pas trouvé ses maîtres qui ne s'étaient pas encore retirés de leurs travaux, était venu chez les miens et avait raconté tout ce qu'il avait vu et entendu. Je lui répondis : « Je voulais bien vous le dire, mais je voulais finir mon ouvrage auparavant. »
Un moment après, je me rendis dans la maison, et ma maîtresse me dit : « Racontez ce que vous avez vu, le berger de Bruite (c'était le surnom de Pierre Selme, maître de Maximin), m'a tout raconté.
Je commence, et, ver la moitié du récit, me maîtres arrivèrent de leurs champs. Ma maîtresse, qui pleurait en entendant les plaintes et les menaces de notre tendre Mère, dit : « Ah ! vous vouliez aller ramasser le blé demain (dimanche) ; gardez-vous en bien, venez entendre ce qui est arrivé aujourd'hui à cette enfant et au berger de Pierre Selme. »
Et, se tournant ver moi, elle dit : « Recommencez tout ce que vous avez dit. »
Je recommence et, quand j'eus terminé, mon maître dit : « C'est la Sainte Vierge ou bien une grande sainte, que est venue de la part du bon Dieu, mais c'est comme si le bon Dieu était venu lui-même ; il faut faire ce que cette sainte a dit. Comment allez-vous faire pour dire tout cela à tout son peuple ? »
Je lui répondis : « Vous me direz comment je dois faire, et je le ferai. »
Ensuite il ajouta en regardant sa mère, sa femme et son frère : « Il faut y penser. » Puis chacun se retira à ses affaires.
C'était après le souper. Maximin et se maîtres vinrent chez les miens pour raconter ce que Maximin leur avait dit et pour savoir ce qu'il y avait à faire. « Car, dirent-ils, il nous semble que c'est la Sainte Vierge qui a été envoyée par le bon Dieu ; les paroles qu'Elle a dites le font croire. Et Elle leur a dit de le faire passer à tout son peuple ; il faudra peut-être que ces errant parcourent le monde entier pour faire connaître qu'il faut que tout le monde observe les commandements du bon Dieu, sinon de grand malheurs vont arriver sur nous. »
Après un moment de silence, mon maître dit, en s'adressant à Maximin et à moi : « Savez-vous ce que vous devez faire, mes enfants ? Demain, levez-vous de bon matin, allez tous deux à M. le curé, et racontez-lui tout ce que vous avez vu et entendu ; dites-lui bien comment la chose s'est passée, il vous dira ce que vous avez à faire. »
Le 20 septembre, lendemain de l'apparition, je partis de bonne heure avec Maximin. Arrivés à la cure, je frappe à la porte. La domestique de M. le curé vint ouvrir, et demanda ce que nous voulions. Je luis dis (en français, moi qui ne l'avais jamais parlé) : « Nous voudrions parler à M. le curé. »
« Et que voulez-vous lui dire ? » nous demanda-t-elle.
« Nous voulons lui dire, Mademoiselle, qu'hier nous sommes allés garder nos vaches sur la montagne des Baisses, et après avoir dîné, etc., etc. »
Nous lui racontâmes une bonne partie du discours de la Très Sainte Vierge. Alor la cloche de l'église sonna ; c'était le dernier coup de la messe. M. l'abbé Perrin, curé de La Salette, qui nous avait entendus, ouvrit sa porte avec fracas ; il pleurait ; il se frappait la poitrine ; il nous dit : « Mes enfants, nous sommes perdus, Dieu va nous punir. Ah ! mon Dieu, c'est la Sainte Vierge qui vous est apparue ! »
Et il partit pour dire la sainte messe. Nous nous regardâmes avec Maximin et la domestique ; puis Maximin me dit : « Moi, je m'en vais chez mon père à Corps. » Et nous nous séparâmes.
N'ayant pas reçu d'ordre de mes maîtres de me retirer aussitôt après avoir parlé à M. le curé, je crus ne pas faire mal en assistant à la messe. Je fus donc à l'église. La messe commence et après le premier Évangile, M. le curé se tourne ver le peuple, et essaie de raconter à ses paroissiens l'apparition qui venait d'avoir lieu, la veille, sur une de leurs montagnes, et les exhorte à ne plus travailler le dimanche ; sa voix était entrecoupée par des sanglots, et tout le peuple était très, très ému. Après la sainte messe, je me retirai chez mes maîtres. M. Peytard, qui est encore aujourd'hui maire de La Salette y vint m'interroger sur le fait de l'apparition, et, après s'être assuré de la vérité de ce que je lui disais, il se retira convaincu.
Je continuai de rester au service de mes maîtres jusqu'à la fête de la Toussaint. Ensuite je fus mise comme pensionnaire chez les religieuses de la Providence, dans mon pays, à Corps.
L'apparition de Notre-Dame de La Salette a été approuvée par l'évêque de Grenoble, Mgr. Philibert de Bruillard, en 1851. Pourtant, pour diverses raisons, l'apparition et le message de La Salette, et en particulier les secrets, furent entraînés dans beaucoup de controverses et furent même l'objet d'une violente attaque. Dans les prochains numéros, nous verrons le déroulement des Secrets, ainsi que les détails de cette controverse, détails qui révèlent une véritable bataille entre la femme et le serpent (Genèse 1).
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